mercredi 28 mars 2007

Je vais bien, ne t'en fais pas d'Olivier Adam

C'est l'histoire d'une jeune femme, caissière de supermarché de profession. Pour beaucoup cet état est seulement passager. Mais elle, elle ne pense pas à faire autre chose. Elle vit à Paris, dans un quartier pas trop moche. Elle va voir ses parents de temps en temps qui vivent dans un petit pavillon de banlieue. Dans lequel elle a grandi. Avec son frère. Qui a disparu.
Et cette absence, Claire la vit au jour le jour. Elle ne sait pas pourquoi il est parti. Et depuis qu'il est parti elle a perdu ses repères. Parce que son frère, lui, savait ce qu'il voulait dans la vie. Mais elle ? Toute seule aujourd'hui elle est confrontée à ses choix qu'elle doit prendre seule. Et ce n'est pas facile. Alors elle veut partir à sa recherche. Pour le trouver. Ou plutôt se retrouver? Ce roman est fort en émotions. Il nous donne à voir tout ce qu'une absence peut jouer sur la vie de ceux qui restent. Mais sans jamais tomber dans le jugement, ou l'apitoiement. On est littéralement transporté, emporté dans le petit monde de la vie de Claire. Olivier Adam écrit par petites phrases, petits chapitres... Mais ses mots sont justes, et valent sans doute de bonne études de sociologie. Ce qui m'a le plus touché dans ce livre, ce n'est pas la disparition du frère tant aimé. Mais la découverte de la vie vue par les yeux de Claire. Et à travers ses rencontres, s'apercevoir à quel point l'univers dans lequel nous vivons en côtoie des milliers d'autres. Je me suis vue à la caisse de Claire, avec mes articles, qui disent un petit quelque chose de moi. Mais seulement un petit quelque chose... Ou bien quand Claire entre dans un monde de « bobos » parisiens, on sent tout le fossé qui sépare des mondes qui se côtoient et qui pensent tout connaître de l'autre. Et les parents de Claire. Il tourne aussi autour d'eux un sentiment de malaise. On entre par petites touches dans leur quotidien. Ce qui bouleverse c'est de sentir à quel point ces situations décrites ont quelque chose d'universel. Ce qui me laisse perplexe après cette lecture, c'est de voir que la parole, la rencontre, pourrait peut-être lever bien des malentendus, des interrogations. Mais ça ne se fait pas. Et c'est bien là tout le drame, les drames quotidiens... Qui font que l'on passe à côté de l'autre... Ce livre est bouleversant de sensibilité, à fleur de peau. Je le conseille à tous. P.S : Une adaptation cinématographique en a été faite en 2006. (avec les acteurs Mélanie Laurent et Kad Merad récompensés lors des Césars 2007.)
Alice JOLIVET

mercredi 21 mars 2007

Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda

Camille vit sous les toits d’un immeuble parisien, dans une chambre de bonne mal chauffée. Un jour, alors qu’elle est malade, elle est recueillie par un voisin, Philibert Marquet de la Durbellière, un aristocrate bègue, féru d’histoire qui vend des cartes postales. L’arrivée impromptue de cette jeune femme anorexique de 27 ans n’est malheureusement pas du goût de son colocataire. Franck est certes un excellent cuisinier mais surtout un grossier et rustre personnage qui ne s’intéresse qu’aux filles et aux motos. Et puis, il a déjà suffisamment assez de problèmes avec sa grand-mère Paulette qu’il a été contraint de placer dans un établissement spécialisé. La cohabitation est donc, dans un premier temps quelque peu difficile car avant de se rencontrer, chacun se complaisait à mener une existence centrée essentiellement sur sa propre personne. Mais finalement, avec le temps, ces quatre-là (Paulette va venir elle aussi s’installer chez Philibert), vont apprendre à se supporter, s’entraider, partager et surtout réapprendre à vivre. C’est ainsi, par exemple, que Camille va quitter son travail de femme de ménage, retrouver l’appétit, recommencer à dessiner et … Je ne vous raconterai pas évidemment la fin mais vous la devinerez assez vite.
C’est avec un langage tout simple, une tendresse infinie qu’Anna Galvada nous croque cette chronique douce-amère. L’air de rien, elle réussit à évoquer des sujets graves comme la difficulté de vieillir, le poids de la solitude ou encore l’anorexie (Jamais elle ne prononce le mot d’ailleurs). Et en même temps, c’est aussi très léger, truffé de bons sentiments. Certains détesteront sûrement. Moi-même, je l’avoue, ne suis pas très friande de ce genre de guimauve et pourtant, je me suis laissée agréablement entraîner par cette histoire, peut-être justement parce qu’Anna Gavalda a su ne pas sombrer dans l’excès de mièvrerie ou de mélo. Un roman tellement plaisant à lire qu’il flotte comme un parfum de bonheur, une fois qu’on l’a refermé. Marlène EVEN

mercredi 14 mars 2007

L'étrangleur de Cater Street de Anne Perry

Un univers à faire rêver les romantiques!
Nous sommes en Angleterre sous le règne de la reine Victoria. L'auteur va nous plonger au coeur d'une maison bourgeoise dans une petite ville de province où vit entre autres, une jeune fille dont la principale occupation en dehors des petits soucis domestiques est de pratiquer la charité chrétienne auprès d'un pasteur extrèmement rigide et de sa femme soumise et dévouée aux plus humbles. Cette jeune fille, apparemment sans reproche a malheureusement un gros défaut qui désespère ses parents et ses deux charmantes soeurs: elle ne sait pas tenir sa langue, même en société! Comment, en s'y prenant de cette manière dans une société hypocrite où les faux bons sentiments doivent s'exprimer publiquement de la plus gracieuse façon, trouver le bon parti à épouser? C'est très compromis pour la pauvre Charlotte. Mais un, puis plusieurs meurtres vont faire vaciller cette micro-société familiale. Au fur et à mesure de l'enquête menée très habilement par le surprenant inspecteur Pitt, un profond bouleversement va remettre en question les confortables certitudes sur lesquelles chaque personnage était solidement ancré. Même si par moments on peut reprocher à l'auteur une peinture sociale un peu convenue et un étouffant huis clos dont les personnages s'échappent rarement, l'intrigue, l'évolution des comportements sont bien décrits. Davantage de subtilité dans les émotions des protagonistes aurait permis à cet agréable roman policier de s'élever d'un cran. J'ai néanmoins passé un bon moment en compagnie d'ancêtres d'Outre Manche à la fois si proches et si lointains. Ce roman est suivi d'autres épisodes dans lesquels on retrouve, m'a-t-on dit l'inspecteur Pitt et sa nouvelle collaboratrice. Je me demande bien qui cela peut être! Pas vous? Florence TOUZET

lundi 5 mars 2007

La petite fille à la fenêtre de Charles Exbrayat

Que peut faire une fillette clouée pour le restant de ses jours dans un fauteuil roulant, rejetée par une famille égoïste plus préoccupée par son ambition sociale plutôt que par le bien-être de ses membres?
Pour s'occuper, la petite fille observe. Elle observe attentivement tous ceux qui, au-dedans comme au dehors passent à portée de ses yeux. Son regard scrutateur va bien au-delà des simples faits et gestes de son entourage. Elle analyse, déduit, prévoit. Dans cet océan de solitude, elle a un ami, le fiancé de son odieuse sœur. Lui au moins la comprend. Et puis il y a le médecin de la bonne ville d'Albi qui la protège au point de l'adopter et la confie aux bons soins de sa gouvernante. Un matin la ville va se réveiller dans un grand émoi. Un vol à main armée a mal tourné et tous les soupçons se portent sur une personne qui touche de près les trois héros. Bien décidés à la tirer d'affaire, ils vont alors mener une enquête en parallèle à celle de la police. Au fil des pages, l'auteur fait habilement vaciller les certitudes du docteur sérieusement mises à mal par la perspicacité de la petite fille. L'auteur signe là un petit roman au présent, conduisant, à travers les yeux de l'attachant médecin une intrigue bien menée. Un moment de lecture agréable.
Florence TOUZET

vendredi 2 mars 2007

Rien ne vaut la douceur du foyer de Mary Higgins Clark

Célia, mère d’un petit garçon de 4 ans vient de se remarier avec Alex Nolan. Celui-ci, en guise de cadeau d’anniversaire, lui offre une magnifique maison à Mendham. Seulement voilà, il se trouve qu’un drame horrible a eu lieu dans cette demeure, il y a 24 ans : Liza, une petite fille de 10 ans a accidentellement tiré sur sa mère et depuis, la maison a mauvaise réputation. D’ailleurs, à peine ont-ils emménagé que des actes de vandalisme sont perpétrés.
Cependant, si Célia semble si choquée, c’est qu’en réalité, elle n’est autre que cette petite fille qui a malencontreusement tué sa mère. Alors évidement, comment faire comprendre à son mari que son cadeau ne lui fait pas plaisir sans devoir lui révéler ce lourd secret qu’elle garde depuis si longtemps et qu’elle n’a jamais osé lui avouer. Il y a bien une solution pour parer à cela, c’est d’exiger que l’agent immobilier lui trouve une autre maison. Malheureusement, celle-ci est assassinée puis c’est au tour d’un jardinier. Très vite Célia est suspectée. L’étau se resserre sur elle de plus en plus sans compter que quelqu’un semble connaître sa véritable identité. Mais comment donc parviendra-t-elle à s’en sortir ? Côté personnages et histoire, pas beaucoup d’originalité. Une fois de plus nous avons affaire à une jolie jeune femme qui a tout pour réussir dans la vie (une belle situation professionnelle, un mari, un enfant adorable…) et qui se retrouve soudain confrontée à un pan de son passé qu’elle croyait définitivement enterré. Pour les inconditionnels, il peut donc y avoir comme un air de déjà lu. Ceci dit, je retiendrai que, dans l’ensemble, c’est plutôt un bon thriller car côté suspense, il n’y a rien à dire. Mary Higgings Clark excelle toujours en la matière. Elle sait faire monter la tension à son extrême, couper l’histoire juste quand il le faut c’est-à-dire au moment précis où… on allait découvrir que… Bref, jusqu’au bout elle sait nous tenir en haleine. D’ailleurs, la fin est très surprenante et franchement jamais je n’aurais pu songer un seul instant que le coupable était… Marlène EVEN

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