jeudi 30 juin 2011

Le grand livre des gnomes : Les camionneurs / Les terrassiers / Les aéronautes de Terry Pratchett

Le grand livre des gnomes est un recueil de Terry Pratchett, comprenant l'ensemble de sa trilogie : les camionneurs, les terrassiers, les aéronaues. Ce livre raconte les aventures de Masklinn et ses amis, gnomes de l'extérieur partis en quête d'une vie meilleure en ville. mais ayant trouvé refuge parmi les gnomes d'un grand magasin, il découvre que celui-ci va être démoli hainement. IL leur faut donc se trouver un nouvel abri. Mais il n'est pas facile pour Masklinn de se faire écouter des autres qui craignent le dehors, voir en nient même l'existence. Mais épaulé par plusieurs amis et surtout secondé par le Truc, objet cubique conservé précieusement par son clan de l'extérieur au fil des ans et qui se révèle être un petit ordinateur doué de parole et de raison qui s'anime au contact de l'électricité, il trouvera la force de mener à bien sa mission, à savoir ramener les gnomes sur leur planète d'origine. J'ai particulièrement aimé ce livre, non pas tant l'histoire en elle-même qui n'a rien de très original mais l'écriture où Pratchett révèle son talent. En effet, ce livre se place sous le signe de l'humour avec lequel Pratchett nous caricature avec un brio patenté qu'il s'agisse de la critique des humains par les gnomes ou de nos travers qu'on retrouve dans le comportement des gnomes. Comme toujours Pratchett excelle dans les jeux de mots, les interprétations loufoques de certains d'entre eux... C'est une série sans doute destinée à un jeune public de prime abord mais elle peut être lue à tout âge sans la moindre difficulté, je pense même qu'on en appréhende mieux les subtilités et l'humour une fois adulte. Cette série assez amusante peut donner un bon avant-goût de l'écriture de Pratchett pour ceux qui hésiteraient à lire sa série du Disque- Monde qui est tout de même plus sombre...

Elisabeth DOUDAN

mardi 28 juin 2011

Nous serons comme des Dieux de Eve De Castro

Bâti sur un épisode de l'Histoire de France, le roman met en scène Philippe d'Orléans, neveu deLouis XIV et futur régent. Proche du Soleil, il en voudrait sa part. « Nous serons comme desdieux », le titre d'un futur ambitieux, l'avidité d'un pouvoir sur le monde ! Un jeu de narrateurs
alternés porte le texte, du « je » au « il », du passé remémoré au présent d'une mémoire assombrie.
Philippe d'Orléans est uni, par volonté royale, à la dernière bâtarde légitimée du Roi et de son ancienne maîtresse Mme de Montespan. De cet arrangement malheureux, vont naître de nombreux enfants, accueillis dans le froid glacial de la haine et du mépris. Certains meurent. D'autres
survivent parfois par miracle, telle Élisabeth. Sauvée par Philippe, elle devient sa plus fidèle alliée.
Sa cadette, Adélaïde, en concevra une jalousie sans bornes. Tout oppose les deux sœurs et ravive sans cesse leur rivalité. Élisabeth trempe un tempérament immoral dans la fange de la noblesse de cour. Pour un avenir glorieux, aucune bassesse ne la répugne. À l'opposé, Adélaïde se veut pure et a l'ambition de sauver les âmes de sa famille : « A votre boue, j'ai pétri mon destin », avoue-t-elle dans les mémoires qu'elle nous livre. Elle entre alors au couvent tandis qu'Élisabeth vit une relation incestueuse avec Philippe, leur père. Mais trop de rancœur domine l'esprit de Dieu pour Adélaïde.
Et aucune piété religieuse n'empêche l'accomplissement du Mal. Sœur Adélaïde refuse ainsi le secours qui aurait pu sauver Élisabeth. Celle-ci meurt, rejetée de tous, y compris du rituel catholique. Seule auprès de ce père qu'elle a tant cherché, Adélaïde ne pourra éviter sa chute. Le Régent, piètre politique, précipite les finances du Royaume dans l'abîme et le pays dans le chaos.
Du fond de son couvent, Adélaïde s'abandonne désormais au tombeau : « Je n'étais que mémoire.
C'est peut-être cela la mort ». Et la délivrance divine, pense-t-elle seulement y avoir droit ?
Entre intrigue historique et étude psychologique, ce roman d'Eve de Castro nous imprègne, longtemps après sa fin, d'une force narrative remarquable. Le monde qu'elle tisse, une cour dépravée et amorale, nous ramène au présent. Sommes-nous si éloignés des débauches d'ambition et de cupidités morales, ces esprits près à tout pour un instant de gloire et de fortune ?


Florence VALET

dimanche 26 juin 2011

Les bals de Versailles de Michel Peyramaure


Michel Peyramaure est un écrivain qui aime l'histoire de France, il a écrit une cinquantaine de romans dont Les bals de Versailles. Dans ce livre, il nous fait découvrir l'histoire de Madame de Maintenon et du roi soleil sous la plume de Nicolas Chabert, secrétaire de Madame de Maintenon. C'est lorsqu'elle s'appelle encore Françoise Scaron, qu'il la rencontre, il l'admire, la désire un peu mais très vite va naitre une amitié sans faille entre les deux jeunes gens. Nous connaissons le destin fantastique de ce personnage qu'est Françoise d'Aubigné mais Chabert nous emmène dans les dessous de l'histoire de France, les potins de la cour, les intrigues, l'affaire des poisons, bien sûr. Comment s'est comportée la future Madame de Maintenon, comment est nait cette improbable idylle avec le roi de France alors qu'il pouvait avoir toutes les plus belles femmes du royaume? Comment cette veuve qu'on disait dévote et réservée lui a fait oublié toutes les beautés de la cour ? Nicolas Chabert lève le voile sur cette personnalité hors du commun.
J'ai particulièrement apprécié ce livre, moi qui pensais tout savoir sur La Maintenon après l'excellent L'allée du roi de Françoise Chandernagor, j'ai encore appris un peu plus et découvert une femme complexe et mystérieuse. Quant au roi soleil, Michel Peyramaure le présente sous un aspect bien plus humain que la plupart des livres d'histoire.


Alexandra BERNEDE

vendredi 24 juin 2011

Merlin de Robert De Boron


Les démons, décidés à créer un antéchrist, envoient un incube féconder une jeune vierge à son insu. Affolée de se voir enceinte, celle-ci se tourne alors vers le Père Blaise, afin de sauver son âme. Dès sa naissance l'enfant, baptisé Merlin, n'a rien d'ordinaire : doué de parole, il a hérité de son père la connaissance du passé et un talent pour les enchantements et les métamorphoses ; racheté par le repentir de sa mère, il connaît l'avenir et s'emploie à servir Dieu. Ayant sauvé cette dernière de la mort que lui promettaient ses juges, Merlin se met au service des rois de Bretagne : artisan de la grandeur du royaume et instigateur de la quête du Graal, il conseille Vertigier puis ses neveux Uther et Pendragon, et porte Arthur sur le trône.

Rédigé au XIIème siècle, le poème de Robert de Boron nous est parvenu sous forme de prose. S'inspirant d'oeuvres antérieures, l'auteur les remanie et les enrichit, faisant de Merlin l'agent de la christianisation du monde arthurien. Très abordable et d'une écriture remarquablement moderne, le récit est parfois un peu maladroit, se répétant et manquant de continuité. Mais la complexité du personnage, moralement ambigü de par sa double nature, et les questions de rédemption et de destinée qu'elle soulève, donnent tout son intérêt à un livre fascinant, qui met en lumière un personnage tour à tour attachant, cruel, loyal ou sournois. D'autres récits, mettant notamment en scène Viviane et la tragique destinée de Merlin, complètent fort à propos cette édition.
Difficile de résumer en quelques lignes cet ouvrage, foisonnant de prophéties, métamorphoses et autres prodiges ! Je souhaitais me débarrasser de l'image vulgarisée de Merlin pour me rapprocher du personnage d'origine, et ce livre m'a largement satisfaite. J'y ai découvert un personnage bien moins lisse et donc bien plus intriguant et captivant. J'ai été saisie par la force de l'histoire, nonobstant la relative pauvreté du style. Le récit me semble en tout cas capital pour appréhender l'aspect théologique de la légende, insufflé par les auteurs du Moyen-Age. En cela, le "Merlin" de Robert de Boron est un incontournable.


Fanny LOMBARD

mercredi 22 juin 2011

Il était un piano noir... de Barbara


Barbara ! Oui, la chanteuse, de son vrai nom Monique Andrée SERF, la « dame brune », cette femme à l’image mélancolique, rêveuse, solitaire et passionnée. Qui ne connaît pas au moins une de ses chansons ; « L’Aigle Noir », « Ma Plus Belle Histoire d’Amour », ou encore « Le Mal de Vivre » ?
« Il était un piano noir… » est le livre de ses mémoires qu’elle a commencé au printemps 1997 et qu’elle n’achèvera jamais car elle trouve la mort quelques mois plus tard, en novembre 1997. Ses frères et sa sœur ont longuement hésité avant de publier ce livre tout juste élaboré mais ils ont finalement décidé de le faire, pour ce public auquel elle tenait tant.
Le mot « mémoire » veut dire ce qu’il veut dire. Dans cette « ébauche », elle nous parle, de son enfance sous l’occupation à vagabonder à travers la France, puis de son adolescence à Paris, aux Batignolles, de sa famille, de ses amis, de ses rencontres, de ses débuts, de son parcours, ses succès, ses tournées. En résumé, elle nous parle tout simplement de sa vie, de son amour pour la musique, la chanson française, et plus que tout : de son amour pour son public. Elle insère dans le texte par-ci par-là quelques paroles de ses chansons, et c’est très enrichissant de pouvoir faire le rapprochement entre l'une d'elles  et l’anecdote qu’elle vient de nous livrer, on se rend compte alors qu’elle a vécu la plupart de ses chansons et que toutes ont une histoire. Et enfin, oui bien sûr, comme dans toute autobiographie qui se respecte, elle nous livre quelques « secrets » jusqu’alors bien gardés et qu’elle préférait garder enfouis.
C’est vrai que le livre est inachevé et ça se voit par endroit, mais d’un côté je trouve que cela rend le récit plus accessible et même plus facile à lire car les phrases sont simples et pas encore totalement travaillées. Après il est vrai que parfois cela est un peu dérangeant car il n’y a pas vraiment de chronologie et elle passe d’un sujet à l’autre, puis revient sur le premier sujet sans transition aucune et on perd un peu le fil de la lecture. Vers la fin également les anecdotes sont beaucoup plus succinctes, juste quelques phrases à peine construites, mais pour ma part, j’ai bien aimé et cela m’a plu de me dire qu’elle avait écrit ces quelques notes dans l’idée de ne pas les oublier sur le moment et de pouvoir les détailler plus tard, ce qu’elle n’aura malheureusement pas le temps de faire.

Je n’en dirais pas plus si ce n’est que je vous conseille ce livre qui se lit d’une traite, avec une certaine curiosité, même voir avec légèreté (mais qui ne traite pas forcément de sujets légers !) et d’où nous ressortons avec le sentiment de mieux connaître et surtout de mieux comprendre cette femme mystérieuse qu’était Barbara. Car malgré tous les reportages que l’on peut voir à la télévision, les interviews de ses proches ou autres, qui mieux qu’elle-même peut nous parler d’elle ?


Emeline MICHAUT

lundi 20 juin 2011

Les aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour Tome I : Paris, 1199 de Jean d'Aillon


1199, Le roi Richard cœur de lion est assassiné lors de la prise de Châlus. A première vue, il décède à la suite d’une blessure bénigne à l’épaule qui aurait été mal soignée mais ce n’est pas l’avis de sa mère, Aliénor d’Aquitaine, qui soupçonne que la flèche fatale a été empoisonnée. Elle demande au comte de Huntington, alias, Robin des bois, de retrouver le ou les assassins du roi. C’est ainsi que  Robin au Capuchon va se lancer dans une enquête policière médiévale tout à fait passionnante dans laquelle, Templiers, Cathares, troubadours, chevaliers vont s’affronter. Robin des bois va faire appel à son ami Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour, installé à Toulouse pour l’aider dans cette aventure. Ensemble, ils vont déjouer un complot visant à assassiner le roi de France, Philippe Auguste.
J’ai adoré cette histoire, non seulement pour le suspens de l’enquête mais aussi pour les descriptions très précises de la vie au moyen âge. Nous découvrons ainsi un Paris qui commence à s’organiser autour de prêtres et de légats, de commerçants, de syndicats. Quel bonheur de déambuler à travers les rues de la capitale, de suivre l’évolution de la construction de la cathédrale, de découvrir les souterrains de la ville et les difficultés des habitants dans leur vie quotidienne.


Alexandra BERNEDE

samedi 18 juin 2011

Confession d'un masque de Yukio Mishima


Dans les années 30,  un enfant (qui ne précise jamais son prénom) est élevé par sa grand-mère un peu trop autoritaire. Le temps passant notre enfant s’aperçoit qu’il est attiré par les garçons et non par les filles.
Durant son adolescence, cette tendance s’affirme. Il tombe amoureux d’un camarade de classe, découvre les désirs sexuels et a recours à ses "mauvaises habitudes".
Bien que constatant son homosexualité, il essaie de combattre ce penchant en le cachant aux autres et à lui-même.
Devant la difficulté de la tâche, alors que nous sommes en plein dans la 2nd guerre mondiale, il va se rapprocher de Sonoko, la sœur d’un ami  mais renoncera finalement à l’épouser.
Notre héros oscille toujours entre hésitations et souffrance, pour essayer de trouver le bonheur.
J’ai trouvé ce livre intéressant même si parfois il m’a donné l’impression de traîner un tantinet en longueur.
Les deux personnages essentiels ont chacun un rôle bien définis.
Notre « enfant » dans sa quête pour affirmer et assumer sa sexualité, est plutôt attachant. Il le restera d’ailleurs même lorsqu’il essaiera d’être conventionnel dans une société lisse malgré son penchant homosexuel.
Sonoko qui apparaît une fois le roman bien commencé représente bien la fille japonaise de l’époque. Cela se voit quand elle est rejetée mais reste digne en acceptant son destin.
D’ailleurs je trouve que Mishima a cette manière de rendre beaux les personnages au travers de détails, de mélanges de mots typiquement
japonais.
J’ai aimé les narrations concernant le rythme de vie durant la guerre et les difficultés qui y sont liées.
Par contre les descriptions minutieuses concernant les éphèbes, les camarades de classe, les nus de tableaux, trainent trop en longueur parfois.
Pour ceux qui liront ce roman il ne faut absolument pas perdre de vue que ce livre a de forts relents autobiographiques.



Edouard RODRIGUEZ

jeudi 16 juin 2011

La voix d'Arnaldur Indridason


Branle bas de combat dans un hôtel de luxe en Islande : Le père Noël a été assassiné !!! Enfin un homme du nom de Gulli qui devait se déguiser en  père Noël pour les enfants. Il a été retrouvé au sous-sol de l’hôtel, dans le cagibi qui lui servait de logement depuis plus de vingt ans, le pantalon sur les chevilles et une blessure mortelle au cœur. Qui a bien pu faire cela ? C’est ce que vont essayer de découvrir le commissaire Erlendur et ses inspecteurs. Bizarrement personne ne semble vraiment connaître cet homme, ni compatir à son sort affreux. Il va donc falloir beaucoup de perspicacité et de ténacité aux enquêteurs pour découvrir le fin mot de l’histoire.
Il n’y a pas à dire, la littérature scandinave, très à la mode depuis quelques années, a vraiment beaucoup d’attrait. Il y a une atmosphère bien particulière, une manière de raconter les choses bien spécifiques qui font que l’on tombe sous le charme. Ce mélange d’investigation policière et de vie quotidienne des protagonistes avec leurs secrets, leurs joies, leurs sentiments, nous séduit. Le fait que ce soit aussi des contrées éloignées et fortement dépaysantes autant par les paysages que par la manière de vivre contribue grandement à cet engouement. Et puis il y a les personnages, chacun différent avec leurs soucis particuliers, tellement bien retranscrits par l’auteur que l’on s’y attache fortement. Dans ce livre, l’accent est mis sur Erlendur et ses tourments personnels, qu’il essaye, avec plus ou moins de réussite, de faire passer au second plan pour ne pas entraver l’enquête. Les thèmes de la solitude, de l’indifférence, des attentes des parents envers leurs enfants, les difficultés des relations humaines apportent à ce livre une profondeur que peu de romans policiers peuvent se flatter d’avoir. De plus l’écriture est pleine de sensibilité agrémentée d’une pointe d’humour, le rythme est rondement mené, sans précipitation mais sans être trop lent non plus. L’énigme est réaliste, cohérente, passionnante.
Voila entre autres les raisons qui m’ont fait dévorer ce livre. Il y a aussi ce petit plus indéfinissable qui fait qu’on est complètement envoûté…c’est cela la force des grands auteurs (et des bons traducteurs !!). Parce que bien que sombre et noir le livre ne nous déprime pas grâce à la grande humanité qu’il dégage et à l’espoir sous-jascent qui ne demande qu’à s’exprimer...

Nicole VOUGNY

mardi 14 juin 2011

Histoires écologiques


L’écologie, on en parle souvent en ce moment. Entre réchauffement de la planète, retombées radioactives ou encore extinction d’espèces animales, l’avenir de la terre  fait  l’objet de nombreuses émissions de télévision ou d’articles dans les journaux. Douze auteurs de science-fiction du 20ème siècle à l’imagination débordante abordent ici le thème d’une façon complètement différente.  Et si des hommes habitaient en permanence de gigantesques bateaux par manque de place sur la terre ferme ? Et si des hommes en élevaient d’autres pour leur lait et leur viande ? Et si des hommes limitaient le risque de surpopulation en contrôlant les décès ? Et si…
Le livre débute par une longue préface explicative de l’écrivain Gérard Klein, éditeur de la série « La grande anthologie de la science-fiction » à laquelle appartient ce recueil. Chaque nouvelle est précédée d’une présentation rapide de l’idée forte qui sert de trame au récit. Celle-ci  est ensuite développée en 10 à 80 pages, et surtout poussée à l’extrême. Cela fait sans conteste froid dans le dos et laisse peu de place pour l’optimiste ! Chaque auteur a son style, mais il est toujours dense. Et l’ensemble forme au final un tout relativement cohérent. L’ouvrage se termine sur un dictionnaire des auteurs (date de naissance, formation, parutions, distinctions, etc.)
Ce livre se lit forcément au calme, histoire de s’imprégner de l’ambiance de chaque nouvelle. D’un côté, il fait réfléchir sur le devenir de notre planète, même si cela parait complètement impossible d’en arriver là. D’autre part, comme ce qui paraît effarant pour le lecteur (et pour des personnages découvrant certaines situations) est en fait perçu comme la « normalité » pour la plupart des êtres qui le vivent au quotidien, faut-il extrapoler en se disant que nous sommes dans le même état d’aveuglement, à l’heure actuelle, dans la vraie vie ?


Sophie HERAULT

dimanche 12 juin 2011

The Tudors


En 1485, au sortir de la guerre des Deux Roses, Henry Tudor accède au trône d'Angleterre sous le nom d'Henry VII. Le pays est en quasi-banqueroute et, encore ancré dans le Moyen Age, accuse un sérieux retard vis-à-vis de ses voisins. Ce roi peu flamboyant laissera pourtant un royaume riche, solide et en plein essor. Son fils, Henry VIII, à la réputation de tyran aux six épouses porté sur les décapitations, restera dans les mémoires comme l'artisan du schisme avec le Pape, jetant les jalons de l'Eglise Anglicane. Lui succèderont ses trois enfants Edward VI, Mary Tudor dite La Sanglante et enfin Elizabeth Ier, dernière représentante de la dynastie, qui a marqué l'Histoire tant par la durée que par la grandeur de son règne.
 Bien qu'intitulé "The Tudors", ce livre n'est pas une biographie des représentants de cette dynastie, mais plutôt un essai tentant d'analyser leurs règnes respectifs à l'aune de leurs personnalités, et l'auteur n'évoque certains aspects de leurs vies que pour les mettre en relation avec leur politique. S'ouvrant sur deux chapitres consacrés à la vie culturelle et à l'héritage des Tudors, l'ouvrage examine ensuite le règne de chacun des souverains, dans un Anglais accessible où seuls quelques extraits de textes d'époque peuvent poser problème, sans pour autant entraver la compréhension générale. Reste qu'il s'agit d'un livre érudit, s'adressant à des lecteurs déjà familiers de l'histoire des Tudors, les références aux aspects biographiques, aux personnages ou à la diplomatie n'étant que rarement explicités.
Je m'attendais davantage à une biographie qu'à une étude aussi "calée". Pour autant, j'ai adoré ce livre, abordable bien qu'en Anglais, mais surtout extrêmement intelligent. J'aurais aimé que certaines allusions soient davantage développées (comme certaines subtilités du système politique) mais j'ai néanmoins trouvé cette analyse aussi passionnante qu'originale - même si je ne partage pas forcément l'opinion de l'auteur, dont le jugement m'a parfois semblé peu objectif... Enfin, il aborde en marge de son analyse des sujets aussi intéressants que les liens entre pouvoir et création artistique, ou encore la façon dont la personnalité des Tudors a affecté leur politique intérieure ou étrangère. Un livre formidable, qui apporte autant de réponses qu'il pose de questions.



Fanny LOMBARD

vendredi 10 juin 2011

Guide de la Bretagne mystérieuse : Finistère


Connaissez-vous la légende du Roi Gradlon et de sa fille Dahud qui, par son comportement dépravé, provoqua l'engloutissement de la ville d'Ys ? Ou encore celle du Roi Marc, affublé d'oreilles de cheval par une sorcière ? Cette histoire s'est déroulée à Penmar'ch, non loin du lieu de la mort de Tristan et Iseut, où l'on croise aussi le fantôme du sanglant La Fontenelle... Evitez également de rencontrer l'Ankou, squelette arpentant la Bretagne pour recueillir l'âme des défunts. Vous observerez fréquemment sa représentation sur les calvaires, l'une des grandes richesses d'un patrimoine breton mariant légendes celtes et religion chrétienne. Ainsi apprendrez-vous pourquoi Sainte Anne est considérée comme la patronne de la Bretagne, ou comment fut fondée Notre-Dame du Folgoët. 250 pages de légendes et d'anecdotes pour plonger au coeur des mystères du Finistère...
Ce livre présente, classée par ordre alphabétique, une centaine de localités du Finistère, d'Audierne à l'île de Sein en passant par Quimper, Plougastel, Huelgoat, Lesneven... Sont détaillés les mythes et curiosités propres à chaque lieu : une grotte abritant des korrigans, une statue possédant une troisième sein ou un calvaire érigé pendant une épidémie de peste et décoré de... bubons de pierre ! Rédigés dans une langue claire et agréable, les chapitres égrènent avec fluidité les légendes comme les anecdotes historiques, sans jamais lasser. De nombreuses illustrations agrémentent ce remarquable ouvrage, où l'on croise aussi bien le Roi Arthur que Mary Stuart, des naufrageurs, des Saints, des géants, des sorcières ou, évidemment, le Diable.
Amoureuse du Finistère, je ne pouvais qu'être enchantée par ce livre. Passionnant de bout en bout, il met en relief des aspects méconnus de chacune des localités évoquées, et m'a permis de poser un regard neuf et encore plus émerveillé sur tous ce département que j'adore, riche de légendes et d'histoire. Si les nombreux pictogrammes permettent de se repérer facilement, je regrette un peu l'absence d'un  index thématique... Nul doute, cependant, que ce livre sera dans mes bagages lors de mon prochain séjour en Bretagne : il me parait indispensable pour découvrir ou redécouvrir la région sous un nouvel angle, aussi fascinant qu'enrichissant.



Fanny LOMBARD

mercredi 8 juin 2011

La trilogie des joyaux Tome II : Le chevalier de rubis de Ruby Knight


Le chevalier de Rubis de David Eddings est le deuxième tome de sa trilogie des joyaux. Dans ces romans, le chevalier de la reine Emouchet va devoir trouver un remède pour sa reine qui se meurt peu à peu. Elle est protégée par un sortilège qui ne peut tenir indéfiniment et le temps lui est donc compté. Accompagné de Séphrénia, un puissante magicienne, de Flûte, petite fille trouvée sur la route et qui refuse de les laisser ainsi que de plusieurs chevaliers d'origine diverses, Emouchet va partir à la recherche du Bhelliom, seul artéfact assez puissant pour sauver la reine. Mais il n'est pas le seul à rechercher cet artéfact dont la puissance pourrait permettre entre de mauvaises mains de changer la face du monde.
On retrouve ici tous les ingrédients qui font de David Eddings une référence en matière de fantasy. Son écriture repose essentiellement sur les dialogues toujours soutenus qui évitent les longues descriptions souvent lassantes. Bien que moins présente dans cette série que dans la Belgariade par exemple, on retrouve la petite touche humoristique propre à l'auteur également, notamment avec le personnage de Talen, enfant qui gagne sa vie en volant mais qu'Emouchet oblige constamment à rendre ce qu'il chaparde. Enfin point fort de ces romans, la personnalisation des personnages qui sont tous bien différents les uns des autres que ce soit de caractère ou d'origine, ce qui permet plus facilement de s'attacher au groupe. Séphrénia et Flûte, avec leurs pouvoirs magiques et le décalage entre leur aspect physique qui les présente comme jeunes alors que mentalement elles semblent bien plus âgées, ont toutes deux un côté particulièrement intrigant qui pousse à essayer d'en apprendre davantage sur elles. Un petit bémol cependant, on retrouve un peu des éléments du Seigneur des anneaux comme Ghwerig qui fait penser à Gollum.
C'est donc un roman de fantasy classique facile à lire pour se détendre même s'il n'a rien de très innovant.


Elisabeth DOUDAN

lundi 6 juin 2011

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part d'Anna Gavalda


C’est un recueil de douze nouvelles qui racontent la vie quotidienne. Les personnages n’ont rien de particulier et ils leur arrivent des choses qui arrivent à tout le monde : une rencontre dans la rue qui avait tout pour débuter une histoire d’amour et qui en fait se termine en fiasco le soir même ; une femme enceinte qui perd son bébé ; un couple qui n’a plus rien à se dire ; une étudiante qui n’aime pas ses études ni la monotonie de sa vie ; un chanteur qui tombe enfin amoureux ; un militaire qui veut tout faire comme son frère jusqu’au jour où ils veulent tous les deux la même fille ; un homme qui a provoqué un accident mortel sur l’autoroute ; une femme vétérinaire qui exerce à la campagne et qui a du mal a se faire accepter par les paysans du coin ; un garçon bourgeois qui a toujours été protégé de tout et qui après avoir rencontré un garçon de son âge en vacances découvre le monde réel ; un homme qui revoit une dernière fois son premier amour qui est malade et qui va mourir ; un comptable amoureux de sa collègue de travail et qui vit avec ses sœurs et enfin Anna Gavalda elle-même qui raconte comment elle a écrit et cherché a faire publier ses nouvelles.
Premier ouvrage publié d’Anna Gavalda et déjà on trouve son style qui va faire le succès de ses romans futurs. Ça se lit très facilement, les personnages n’ont rien d’extraordinaire et c’est ce qui nous fait accrocher car on s’identifie très vite à eux. On voit comment une chose simple peut en fait devenir très grave dans la vie d’une personne comme la femme qui perd son bébé alors qu’au début elle n’avait pas envie d’être spécialement enceinte mais en le perdant elle se rend vite compte qu’elle l’aimait déjà.
J’aime beaucoup Anna Gavalda et ses douze nouvelles n’ont pas échappé a la règle.La plupart d'entre elles commence plutôt bien mais soit la fin de se n'est pas comme on l’attendait soit on se rend compte que ces personnes sont en fait très seules . Comme n’importe qui.  En une soirée, ce livre peut être lu donc lecture facile, rapide et simple.
Pour ceux qui connaissent Anna Gavalda, il n’y aura pas de surprises et pour ceux qui la connaissent pas, un bon début pour un auteur qui de toute façon mérite d’être lu et connu.



Aurélie MARCHAND

samedi 4 juin 2011

Histoires des ciseaux d'argent d'Enyd Blyton


C’est un recueil d’histoires courtes, une par chapitre, écrit par Enid Blyton, romancière britannique bien connue des enfants des années 60, pour le club des 5 ou clan des 7.
Ce livre s’adresse à des enfants (Bibliothèque Minirose) qui commencent à lire. Il est écrit en assez gros caractères et ces contes sont relativement courts, une vingtaine de pages et de nombreuses illustrations.
En introduction, Melle Léonie, couturière, qui a de beaux ciseaux d’argent, vient coudre chez Sophie et Catherine et leur raconte de belles histoires.
Ensuite, on fait la connaissance de Casimir, qui souhaite du mal à tout le monde, Mr Pingre, méchant avec son chien, et bien d’autres personnages, adultes ou enfants (Martine, Jean-François et même le Père Noël), qui ont tous un défaut ou un problème. Mais, par magie, à la fin de chaque histoire, les méchants sont punis et les problèmes résolus.
On se laisse entraîner par le texte et même en se doutant que ça finira bien, on ne devine pas la véritable chute. Ce qui donne envie de toujours avancer dans l’histoire.
Ce livre, bien qu’enfantin n’est ni désuet, ni mièvre, plutôt intemporel et il m’a plu car il permet aux adultes de rêver à un monde magique où tout finit bien et il donne aux enfants une leçon de morale à la fin de chaque chapitre.



Hélène SALVETAT

jeudi 2 juin 2011

Les orphelins d'Auteuil de François Nourissier


Cet ouvrage de François Nourissier (1927-2011) date des premiers temps de sa carrière d'écrivain.
Déjà, le récit puise sa substance au sein de cette caste qu'il ne cessera de décrire : la Bourgeoisie.
Accédant à ce milieu, il en souligne les bassesses et la mondanité futile : une peinture lancée à grands coups de traits noirâtres autour de pauvres âmes flottant en gris.
Tout d'abord, le titre déroute notre approche. Que représente pour nous les orphelin d'Auteuil, sinon une association catholique d'aide aux jeunes en difficulté ? Dans les années 1950, cet après-guerre sur lequel le roman repose, la fondation caritative prend de l'essor. Mais ici, les jeunes gens n'ont guère besoin de son soutien. Ils n'ont nulles dispositions à devenir apprentis et assurer leur avenir ne les inquiète guère : leur futur se trace dans la fortune parentale. D'ailleurs pourquoi travailler ? Cet acte ne convient guère à cette jeunesse dorée, globalement désœuvrée. Aussi adoptent-ils quelques occupations artistiques, histoire de paraître être quelqu'un de moralement inspiré.
Laurence est peintre mais « dans un monde où il eût été obscène de ne rien gribouiller ou barbouiller, la peinture était [son] alibi [...] » (p.26). Roland, le « je » de la narration, se déclare quant à lui écrivain, si désabusé déjà par son statut qu'il n'écrit guère. Voici les deux personnages principaux posés sur notre scène. Ils sont amants mais Laurence avouant son infidélité, ils revêtent pour un temps le costume de la rupture nécessaire. Cécile endosse alors le rôle de l'amante de substitution. « Les gens vivent sur ces définitions qu'ils donnent d'autrui, ils passent au type, ilsstylisent. » (p.22).Aucune richesse n'offre la faculté du bonheur : est-ce la principale leçon de ce livre ? Se voit-elle illustrer par les citations de Melle de Lespinasse (1732-1776) et de Benjamin Constant (1767-1830), dont les vies composées de salons mondains, connurent des amours célèbres mais souvent malheureuses ? Si dans ce roman, la passion amoureuse se porte en germe, jamais elle ne trouve de terre pour éclore. Que les amants, de nouveau réunis, traversent Paris ou qu'ils errent dans les villes italiennes, ils se heurtent à l'incapacité d'aimer sincèrement, d'aimer sans chercher à en donner la représentation théâtrale. Ils agonisent alors dans la solitude des couples qui ne peuvent se voir nus.« La vraie vie nous refusait son hospitalité [...] la vraie vie [...] qui lorsqu'il s'agit s'aimer, manquede mots pour le dire. » (p.139).
Au sortir de ce court roman (environ 185 pages), où l'amour blesse les êtres par sa vanité et son mensonge, nous flottons tristement entre amertume et pessimisme.



Florence VALET

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