mercredi 5 octobre 2011

Chroniques martiennes de Ray Bradbury


Le récit nous emmène sur Mars, où le futur proche (2031- 2057) fait de cette planète le nouveau lieu d’exploration et de colonisation des hommes. Le lecteur assiste à différentes arrivées de l’être humain sur la planète rouge et découvre ainsi le paysage martien.
Bradbury s’attarde sur le quotidien nouveau des arrivants ainsi que sur le passé des martiens. Composé en chroniques, qu’on peut assimiler à des nouvelles, chaque histoire y va de son message à la fois humaniste et moral sans pour autant tomber dans la simple critique acerbe. C’est ainsi que l’on découvrira le Père Peregrine en mission prédicatrice ou encore, dans une touche plus émotionnelle, le rapport entre les membres d’une même famille ou d’un équipage. A noter que le point commun des récits est cet instant, que l’on
attend toujours à la lecture, de la rencontre avec l’autre, qu’il soit humain ou martien. Au final, Chroniques Martiennes est un subtil mélange de poésie et de constat sociétal, baigné dans des récits bouleversant perceptions et considérations sur l’autre, l’inconnu et le familier.
Tout d’abord, il faut dire que pour une œuvre dite de science-fiction, celle-ci n’est pas hermétique et reste ouverte à un lectorat large.
Le livre regroupe plusieurs chroniques qui se révèleront intrinsèquement liées et dans son histoire et dans le message global de l’auteur. L’œuvre est riche d’une structure agréable tout comme de descriptions du paysage. Aussi, l’écriture se penche sur le rapport physique et psychologique entre humain/martien. Au-delà d’une narration qui devient de plus en plus fluide, parallèlement au style de l’auteur, les réflexions sur l’espèce humaine se profilent au cours de la lecture. Ainsi, Bradbury nous offre un recul sur notre civilisation en la mettant dans une position nouvelle (future ?).
En effet, ce qui devient vite flagrant à la lecture est ce retournement de point de vue : l’être humain devient l’envahisseur et le peuple/territoire martien les victimes envahies. En cela, Bradbury brise le thème science-fictif de l’extra-terrestre. Ici, l’Homme est un extra-martien.Bradbury, en retournant nos habitudes, en inversant le schéma traditionnel, fait du martien l’être-citoyen et de l’humain l’être-envahisseur. Ce livre permet de s’interroger sur notre propre statut et le caractère universel de l’"humanité". Le point culminant de ces courtes chroniques est sans aucun doute les rencontres entre martiens et humains. Elles adviennent de manière progressive mais intense. La qualité littéraire de l’auteur n’est pas anodine à ce fait puisque Bradbury à l’art d’évoquer, de susciter chez son lecteur l’émotion à laquelle les personnages sont confrontés (et ceci malgré le contexte futuriste). Toutefois, si la vie sur Mars est le motif et le cadre principal du livre,il n’en reste pas moins que le fond concerne l’existence sur une Terre endommagée par les conflits atomiques.
Au final, l’espoir d’un ailleurs (Mars) et l’attachement aux racines (Terre)deviendra le filigrane de ce roman, dur et poétique à la fois. C’est ce qui m’a attaché à cette œuvre et je l’espère vous ne laissera pas indifférent.


David DOHEIN

Aucun commentaire:

Publicité