dimanche 23 octobre 2011

Les infortunes de la vertu de D.A.F. Marquis De Sade


Comment deux destins se séparent et se rejoignent ? Le récit, c’est celui de deux sœurs, Juliette l’aînée et Justine qui, fortes d’un père riche, se retrouvent soudainement dehors sans le sou, suite à la ruine de leur parent. Voilà que les deux filles cherchent par un quelconque moyen à survivre en gagnant leur vie. C’est ici que leur chemins se sépareront : Juliette choisit un  vie de débauche et d’escroquerie,pensant qu’il vaut mieux faire preuve de vice pour atteindre un idéal ; Justine, elle, de rester religieusement dans un comportement sage et rangé. Ses bonnes vertus vont-elles l’amener à cet idéal recherché, somme toute modeste ? C’est ce que dévoilera le récit à partir des multiples étapes et rencontres de la vie de Justine. Ce que nous
raconte Sade sera délirant et pertinent, mettant à mal la religion et la morale. Le titre résume à la fois l’œuvre et le ressentiment lors de la lecture. En effet, si Justine tient toujours à ses principes très religieux (on la retrouve régulièrement en train de « parler » à Dieu), ses espoirs l’amèneront à des déboires, des infortunes tous plus incroyables les uns que les autres. Sade nous propose de tordre l’idée de bonté, de foi et de destin à travers une écriture acerbe desservant une pensée marginale mais pas inintéressante.
Si ce livre est à la fois choquant mais acceptable, prenant et repoussant, il faut noter la remarquable manière dont Sade sait créer de l’intérêt pour une telle histoire.
Contrairement à sa réputation et malgré les passages parfois ignobles (celui du
monastère par exemple), il faut relever avant tout la qualité romanesque de l’auteur. De bout en bout, et spécifiquement à ce que peut accepter ou non son lecteur, Sade brouille les codes moraux et religieux, les extirpe pour mieux les interroger. Cela passe par une histoire tant farfelue qu’inimaginable, mais aussi par un vocabulaire détaché et sans détours. C’est ainsi qu’on comprendra que les espoirs de Justine sont pour Sade des illusions métaphysiques. Puis, on le sait, Sade fait partie de ces auteurs longtemps (encore souvent) censurés. Cependant, peut-on y retirer de cette verve littéraire pour ne retenir si primairement que la dimension excentrique et marginale ? Je vous invite à vous faire une idée vous-même de l’auteur et de son œuvre originale.


David DOHEIN

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