lundi 31 octobre 2011

Les amours de Laura Quick d'Isabel Wolff


Laura, trentenaire dont le mari a disparu, décide d'aller de l'avant, prête à refaire sa vie et devenue présentatrice d'un quizz télévisé, sa vie recommence!
Dans les premières pages, Laura décide de ranger les affaires de Nick, son mari disparu depuis trois ans. Dès les premières pages, Laura m'a plu. Ses réflexions et ses actions m'ont touchées, elles semblaient parfaitement justes. Durant tout le roman, Laura est un personnage attachant, crédible, naturel.
Elle et ses proches traversent des histoires assez sombres et sont confrontés à des problèmes adultes. Ici, vous ne trouverez pas d'amourettes fleur bleue et idylliques mais des histoires communes et dures,  divorces et garde d'enfants partagée, la disparition du mari de l'héroïne, mais également beaucoup de réflexions concernant la grossesse, ses suites et le lien entre le père et l'enfant. Ce sujet-là, assez peu abordé dans la littérature féminine, est traité avec beaucoup de pudeur.
Comme toujours avec Isabel Wolff, les descriptions sont sommaires, les phrases assez courtes. Beaucoup de détails sont sous-entendus dès les premiers chapitres mais ne sont révélés entièrement que plus tard, ce qui donne encore plus envie de lire la suite très vite ! J'ai eu du mal à la reposer tant j'ai aimé l'héroïne et tant je voulais connaitre la suite.
Il faut l'avouer on pourrait vite avoir pitié des personnages, mais l'auteure nous l'évite grâce à un ton léger, sans pour autant tomber dans l'humoristique, ce roman fait sourire. Des thèmes pourtant graves sont abordés avec douceur et pudeur.
Un excellent roman s'Isabel Wolff, un de ses meilleurs je pense, pour toutes celles qui souhaitent lire une histoire sérieuse mais avec le sourire aux lèvres !


Gwenola THEVENON

samedi 29 octobre 2011

La guerre des boutons de Louis Pergaud


Qui n’a jamais entendu parler de « la Guerre des Boutons » ?
C’est l’histoire de deux villages : Longeverne et Velrans et de la guerre que se livrent chaque année les écoliers de ces deux communes. Lors d’une de leurs batailles et de la capture d’un premier prisonnier, l’idée surgit d’elle-même : il faut le dépouiller entièrement de ses boutons ! C’est l’humiliation…et la guerre est déclarée. L’objectif est lancé, et la constitution d’un trésor de guerre rempli de boutons a commencé.
En tant que lecteur, nous sommes du côté de l’armée des Longeverne dirigée par le grand LEBRAC soutenu par ses fidèles acolytes, entres autres : Grangibus, La Crique, Tintin, Camus et j’en passe. Donc naturellement nous choisissons vite notre camp et l’équipe adverse menée par l’Aztec des Gués devient à nous aussi notre pire ennemi.
Nous avons affaire à une véritable organisation militaire, avec son chef, son trésorier, les guetteurs, les approvisionneurs et même des petites mains féminines pour rapiécer les grands dégâts et soutenir ses vaillants combattants.
Avec la sortie dernièrement de deux films et surtout en souvenir de la cultissime adaptation d’Yves ROBERT en 1961 d’où est tirée cette désormais célèbre citation de TIGIBUS (Martin LARTIGUE) : « Si j’avais su, j’aurai pas venu » ; j’ai eu envie de me plonger dans ce livre !
Et en parlant de plongeon, le mot est exact. Nous sommes directement transportés dans la grande armée de Longeverne et son organisation. Ces écoliers sont incroyables, jamais à cours d’idées toutes aussi farfelues les unes des autres ! Et bien qu’un peu difficile à lire au début (le langage des écoliers du début du siècle en milieu rural y est conforme à la réalité !) nos yeux s’adaptent, notre imagination déborde et la lecture se fait toute seule.
Un grand classique à ne pas manquer, juste pour le plaisir !


Emeline MICHAUT

jeudi 27 octobre 2011

Quo vadis d'Henryk Sienkiewicz


De retour à Rome, le tribun militaire Vinicius s'éprend de la belle Lygie, barbare chrétienne et otage de Rome. La jeune femme, bien qu'attirée par Vinicius, est horrifiée par ses moeurs et sa violence et refuse de devenir sa concubine. Pétrone, oncle de Vinicius en cours auprès de Néron, intervient pour qu'elle lui soit livrée par l'Empereur. Mais Lygie parvient à s'échapper. Vinicius, blessé alors qu'il tente de l'enlever, ne doit sa survie qu'à son intervention et aux soins prodigués par les Chrétiens. Intrigué par cette religion d'amour et de pardon, le patricien se remet alors en question - jusqu'à se convertir. Plus rien, dès lors, ne s'oppose à son union avec Lygie. Mais c'est compter sans Néron qui, se dédouanant de l'incendie de Rome en accusant les Chrétiens, les condamne à mourir dans l'arène...

Plus de 500 pages et pas une seule longueur : cet ouvrage aux scènes parfois impressionnantes est magnifiquement bien écrit, dans une langue accessible et agréable, où alternent dialogues, action et réflexions religieuses et philosophiques. Historiquement douteux, il est pourtant bien documenté quant à la vie quotidienne et plonge le lecteur dans l'Antiquité romaine. Certes, il est extrêmement prosélyte et l'intrigue principale a quelque chose de naïf, mais on s'attache pourtant aux deux héros. Les personnages secondaires, tels Ursus, Paul de Tarse ou Pierre ne sont pas en reste - allant parfois jusqu'à leur voler la vedette : Néron et Pétrone, en particulier, deux figures impressionnantes qui donnent une dimension supplémentaire à ce roman où se mêlent personnages fictifs et historiques.

Malgré un antagonisme outrancier entre les dépravés Romains et les bons chrétiens et un Néron caricatural, j'ai été emportée par le souffle épique de ce roman. Tour à tour émue par les paroles de Paul de Tarse, glacée par le personnage de Néron et horrifiée par les tortures infligées aux chrétiens, je n'ai pas lâché ce livre, extrêmement riche. Je dois avouer cependant que je me suis surtout passionnée pour le personnage de Pétrone ! Rien que pour cet homme lettré, rusé et élégant, aussi attachant que fascinant, cette lecture valait le coup ! Seul problème : impossible de voir Néron autrement que sous les traits de Peter Ustinov... Ce qui me permet de conclure en vous invitant à lire ce livre, ne serait-ce que pour comparer avec le film de LeRoy !


Fanny LOMBARD

mardi 25 octobre 2011

Le voleur d'ombres de Marc Lévy


Le héros de ce nouveau roman de Marc Levy est un enfant qui ne supporte plus que les adultes ne cessent de lui répéter : « Tu comprendras quand tu auras mon âge! ». L'auteur ne mentionne pas son nom. Il a peur des ombres qui viennent le soir. Il souffre de sa petite taille, de n'avoir pas su retenir son père au foyer familial et de se voir souffler « la femme de sa vie », Elisabeth, par le costaud de la classe, Marquès.
Il a pour seuls amis le gardien de l'école et le fils du boulanger. Mais notre jeune désillusionné découvre un jour, grâce à une ombre dotée de parole qu'il détient un pouvoir.Ce dernier lui permet de voler les ombres de son entourage et de parler avec elles. Il doit apprendre à le maîtriser et s'en servir à bon escient, c'est à dire aider ces personnes à éclairer leur vie. Son ombre entre en contact avec celles des autres, elles s'échangent, se parlent, lui parlent et lui indiquent la manière de remettre chaque chose à sa vraie place !
Comment ? Vous l'apprendrez en lisant ce roman! Il évoque les rêves perdus, l'enfant qui juge l'adulte. On s'attache vraiment à ce garçon qui est dans une solitude et une mélancolie extrêmes étant jeune, puis nostalgique étant adulte. On est attendri également de son histoire d'amour avec Cléa, une petite fille muette!
 C'est un roman émouvant, on ne peut rester de marbre en tournant les pages de ce livre! Ce roman de Marc Lévy, comme les précédents est enivrant, palpitant. Il devient difficile de stopper sa lecture!


Sabrina LE BOUCHER

dimanche 23 octobre 2011

Les infortunes de la vertu de D.A.F. Marquis De Sade


Comment deux destins se séparent et se rejoignent ? Le récit, c’est celui de deux sœurs, Juliette l’aînée et Justine qui, fortes d’un père riche, se retrouvent soudainement dehors sans le sou, suite à la ruine de leur parent. Voilà que les deux filles cherchent par un quelconque moyen à survivre en gagnant leur vie. C’est ici que leur chemins se sépareront : Juliette choisit un  vie de débauche et d’escroquerie,pensant qu’il vaut mieux faire preuve de vice pour atteindre un idéal ; Justine, elle, de rester religieusement dans un comportement sage et rangé. Ses bonnes vertus vont-elles l’amener à cet idéal recherché, somme toute modeste ? C’est ce que dévoilera le récit à partir des multiples étapes et rencontres de la vie de Justine. Ce que nous
raconte Sade sera délirant et pertinent, mettant à mal la religion et la morale. Le titre résume à la fois l’œuvre et le ressentiment lors de la lecture. En effet, si Justine tient toujours à ses principes très religieux (on la retrouve régulièrement en train de « parler » à Dieu), ses espoirs l’amèneront à des déboires, des infortunes tous plus incroyables les uns que les autres. Sade nous propose de tordre l’idée de bonté, de foi et de destin à travers une écriture acerbe desservant une pensée marginale mais pas inintéressante.
Si ce livre est à la fois choquant mais acceptable, prenant et repoussant, il faut noter la remarquable manière dont Sade sait créer de l’intérêt pour une telle histoire.
Contrairement à sa réputation et malgré les passages parfois ignobles (celui du
monastère par exemple), il faut relever avant tout la qualité romanesque de l’auteur. De bout en bout, et spécifiquement à ce que peut accepter ou non son lecteur, Sade brouille les codes moraux et religieux, les extirpe pour mieux les interroger. Cela passe par une histoire tant farfelue qu’inimaginable, mais aussi par un vocabulaire détaché et sans détours. C’est ainsi qu’on comprendra que les espoirs de Justine sont pour Sade des illusions métaphysiques. Puis, on le sait, Sade fait partie de ces auteurs longtemps (encore souvent) censurés. Cependant, peut-on y retirer de cette verve littéraire pour ne retenir si primairement que la dimension excentrique et marginale ? Je vous invite à vous faire une idée vous-même de l’auteur et de son œuvre originale.


David DOHEIN

vendredi 21 octobre 2011

Rose à la rescousse d'Isabel Wolff


Rose Costelloe travaille au Daily Post, non pas comme journaliste mais en tant que Madame Détresse. Un comble pour une femme qui vient de divorcer et qui accumule les dettes. Entre un chef qui veut plus d'histoires croustillantes dans sa rubrique, un nouveau colocataire à gérer, et de mystérieux coups de téléphones anonymes, la vie de Rose n'est pas très simple !
Isabel Wolff nous présente Rose,une femme d'aujourd'hui, indépendante, qui cherche à se relever malgré tout. Elle est très naturelle et son histoire pourrait être celle d'une amie. Rose n'est pas sans défauts,un peu naïve, très mauvais juge de caractère, un peu impulsive, le lecteur aura sans doute parfois envie de la gifler. Mais on n'a ce genre de réactions qu'avec un personnage que l'on aime et auquel on tient !
Les personnages secondaires sont également intéressants, Bev, l'amie paraplégique et son chien Trévor, pleins d'espoir face à la vie sont des personnages très touchants.
Depuis le divorce de Rose, ses amies sont devenues plus importantes que les hommes. Du coup, le thème le plus important de ce live est sûrement l'amitié, l'auteure décrit avec justesse ces jours où une amie avec qui refaire le monde vaut plus que tout.
Le style d'écriture est très simple, l'auteure privilégie les phrases courtes, sans trop de descriptions, la plupart des décors, le lecteur devra se l'imaginer lui-même.
Il y a beaucoup d'humour dans ce roman, principalement dans les situations quasiment absurdes auquel notre héroïne est confrontée, mais également de la part des personnages qui maitrisent l'art de la répartie. Par exemple Rose comparera un homme avec qui elle était sortie, à une lampe à lave « très décoratif, sans être une lumière »
En résumé, c'est un livre léger, idéal pour les femmes qui souhaitent se détendre en lisant les aventures d'une femme dont la principale occupation n'est pas d'assortir chaussures et vernis à ongles.


Gwenola THEVENON

mercredi 19 octobre 2011

Histoire d'une vie d'Aharon Appelfeld


Aharon Appelfeld a 7 ans au début de la deuxième guerre mondiale. Après le ghetto, la longue marche vers la déportation, puis le camp de concentration d’où il s’évade seul, il passera deux ans caché dans les forêts d’Ukraine. Après un long chemin et de multiples rencontres, il débarquera en Palestine ;
« Histoire d’une vie » commence par les souvenirs de sa petite enfance, avec ses grands-parents dans les montagnes de Carpates.. Le récit se fait au présent, les images sont étonnamment claires et précises, le chemin vers la synagogue dans les pas de son grand-père, les paroles de sa mère ou son émerveillement devant un panier de fraises apporté par son père.
Avec la guerre un gouffre s’ouvre sur 6 années d’errance : plus les souvenirs sont durs et insoutenables, plus ils restent enfouis au fond de sa mémoire, refaisant surface par le hasard d’une odeur, d’une voix ou d’un visage, comme un cauchemar irréel qui aurait laissé une profonde cicatrice : « une longue nuit dont je me suis réveillé différent ».
On ne sait rien des circonstances de la mort de sa mère, ni de celle de son père qui l’a accompagné un temps sur les routes de déportation. On connaît seulement son effarement de se retrouver seul. On vit avec ce petit garçon dans les forêts d’Ukraine, en survie, aux aguets, apeuré mais aussi tellement accroché à la vie, si adulte déjà, ne faisant confiance à personne, dans le silence et la solitude, attendant la fin de la guerre où c’est certain il retrouvera ses parents.
C’est un livre de souvenirs qui raconte l’oubli, le brouillard qui s’abat sur des images impossibles à rapporter dans le monde des vivants. Les premières années en Israël, il erre comme un somnambule, dans un « sommeil amnésique »  sur cette terre de conquérants, de guerriers qui ne peuvent comprendre ni entendre de tels récits.
La langue est un autre sujet de déchirement : Le yiddich de son grand-père est la langue d’un monde disparu ; l’allemand, sa langue maternelle qui lui vient si naturellement, la langue de ses parents disparus, est aussi la langue de ses bourreaux.. En Israël, c’est avec effort et hostilité qu’il apprendra l’hébreu.
« Histoire d’une vie » se lit lentement, chapitre par chapitre, avec respect et attention, avec admiration pour cet enfant, qui malgré toutes ces années terribles, seul ou entouré de chacals, est devenu un homme sans haine, débordant d’humanité et à la recherche « d’une forme de sens ». Cette lecture m’a donné envie de retrouver Aharon Appelfeld dans d’autres récits et je sais que je relirai encore « Histoire d’une vie », peut-être encore plus lentement, tant ce qui apparaît comme sa perception de la vie nous donne une leçon d’humanité.


Viviane BERGER

lundi 17 octobre 2011

La vie mode d'emploi de Georges Perec


Au départ, la lecture de ce livre pourra vous sembler difficile, incongrue, illogique, difficile de vous plonger dedans mais les histoires et descriptions de tous ces personnages se rassemblent et forment un puzzle gigantesque qui ne pourra que vous laissez ébahi.
Il s’agit ici d’une peinture littéraire. En effet, chaque personnage de la rue Simon Crubellier à Paris est décrit précisément et les histoires, les rumeurs auxquelles elles sont liées nous sont dévoilées. Du simple ouvrier à la petite bourgeoisie, tous sont mis à nus découvrant un semblant de comédie humaine.
Il existe aussi dans ce panorama des personnes assez étranges. Par exemple, Georges Pérec s’amuse à coller une identité de génie inconnu à plusieurs personnes. Nous voyons au travers de ce magnifique dictionnaire humain que la vie n’est que passagère…
Pour moi, c’est un ouvrage à lire et à relire par petits morceaux de temps en temps, histoire de se remettre dans le style, dans l’époque et découvrir un peu plus le genre humain.


Benjamin LAMOTTE

samedi 15 octobre 2011

Confessions d'une accro du shopping de Sophie Kinsella


La fin de l’été approche mais il n’est jamais trop tard pour la lecture d’un livre comme celui-ci, qui remplit à merveille les caractéristiques du roman dit « de plage ».
Les confessions d’une accro du shopping c’est l’histoire ou plutôt les méandres de Rebecca BLOOMWOOD, alias Becky. Comme le titre l’indique, c’est une accro du shopping, elle ne peut pas résister à la tentation d’un nouveau petit chemisier griffé ou du dernier pull en cachemire à la mode. Tous les prétextes sont bons pour dépenser encore et toujours plus d’argent...mais le problème majeur, c’est que justement, elle n’en a plus de l’argent ! Toutes ses cartes de crédit sont bloquées les unes après les autres, elle est harcelée par son banquier, en fait rien ne va plus pour Becky et toutes les « merveilleuses » idées de secours qu’elles trouvent pour échapper à cette situation, tombent à l’eau les unes après les autres. La question est : comment va-t-elle s’en tirer ? Un comble tout de même pour une journaliste financière !!!
Ce livre se lit très bien, on s’attache immédiatement au personnage de Becky BLOOMWOOD et on a de cesse de se demander : qu’est-ce qu’il va bien pouvoir encore lui arriver ? Elle enchaine les catastrophes, les situations cocasses, et le principal c’est qu’elle fasse rire le lecteur qui en redemande. J’aime beaucoup ce genre de livre qui se lit si bien, ça fait de la lecture un réel moment de détente, on ne réfléchit pas, on se plonge dans ses aventures loufoques la tête en avant…
Et pour ceux qui en redemande (moi la première !), les aventures de Becky se poursuivent encore sur 5 volumes allant de l’accro du shopping à Manathan au mini accro du shopping en passant par l’accro du shopping à une sœur… et pour la suite, à vous de voir !


Emeline MICHAUT

Les dépouilles de Poynton d'Henry James


Mrs. Gereth a consacré sa vie à sa résidence de Poynton,dénichant avec son défunt époux les plus belles oeuvres d'art et les plus précieux trésors. Hélas son fils Owen, l'héritier de Poynton, s'est amouraché d'une parvenue vulgaire au mauvais goût affligeant, qui n'attend que de chasser sa belle-mère avant de réaménager le domaine. La jeune Fleda, en qui Mrs. Gereth a trouvé une confidente, ferait un bien meilleur choix : issue d'un milieu modeste, elle possède cependant la sensibilité nécessaire pour reconnaître d'instinct la beauté et le raffinement. Amoureuse d'Owen, ses scrupules l'empêchent pourtant de faire échouer le mariage, et elle se voit contrainte de jouer les intermédiaires entre la mère et le fils.
On retrouve dans ce court roman toutes les caractéristiques du style d'Henry James : des phrases raffinées, un vocabulaire élégant et précis, de nombreuses introspections et une analyse psychologique très poussée des protagonistes. Rédigé à la troisième personne mais centré sur le personnage de Fleda, le récit suit une ligne narrative relativement simple mais où l'on espère sans cesse un retournement de situation. Pourtant, l'action paraît parfois secondaire tant dominent les interrogations morales et les états d'âme de l'héroïne. S'y mêlent des sujets tels que l'idée de beauté et sa valeur, le dilemme entre amour et loyauté, ou encore la notion de liberté et les sacrifices qu'elle implique. La richesse de ce roman, tournant dans la carrière d'Henry James, tient autant dans la forme que dans le fond.
Henry James étant un de mes auteurs favoris, je me suis plongée avec délice dans ce roman délicat, à l'atmosphère victorienne délicieusement surannée - que certains pourraient cependant ne pas apprécier - et au dénouement inattendu. Ce roman n'est sans doute pas le meilleur de James - quelques longueurs et une héroïne certes attachante, mais qui m'a parfois agacée par ses hésitations et ses revirements, affadissent un peu l'ensemble. Pour autant, la délicatesse et la précision du style, la finesse psychologique et la richesse des thèmes en font une lecture passionnante. Et si j'ai préféré "Washington Square" ou "Le Tour d'Ecrou", ce roman d'Henry James reste néanmoins à mes yeux un chef d'oeuvre !


Fanny LOMBARD

jeudi 13 octobre 2011

Les orpailleurs de Thierry Jonquet


Un corps de femme assassinée, la main droite tranchée, et aucun moyen de l’identifier, voilà une affaire qui s’annonce difficile pour l’équipe du commissaire Sandoval. Quand en plus, peu de temps après deux autres femmes sont elles aussi retrouvées mortes avec la main droite tranchée, on craint le pire. Y aurait-il un tueur en série qui sévirait dans la capitale ? Mais selon quel critères ? Pour cela, il faut d’abord trouver le point commun entre ces trois femmes.
En suivant les raisonnements des inspecteurs chargés de l’enquête ainsi que du juge d’instruction, nous allons pénétrer au cœur du quotidien des équipes de police et des magistrats. Avec un talent fou, l’auteur nous fait découvrir cette vie si spéciale et si contraignante du monde judiciaire. Le réalisme est saisissant, servi par une écriture fluide et aérée mais en même temps très riche, dans la mesure où peu de mots suffisent pour que l’on prenne la pleine mesure du message qu’il veut nous faire passer. Non seulement nous avons un meurtrier à découvrir mais en plus tous les protagonistes ont un secret dans leur vie personnelle que nous ne demandons qu’à connaître ! Résultat difficile de lâcher le roman avant de tout savoir ! De plus les personnages sont bien campés, réalistes et aucun ne nous laisse indifférent. L’intrigue est très bien menée, le rythme est prenant, le dénouement est superbement amené, bref ce roman est passionnant. Sa noirceur est rachetée par l’humanité qui se dégage des personnages, y compris du coupable dont le point de vue nous est proposé au même titre que celui des autres. Un vrai plaisir de lecture, on en redemande !


Nicole VOUGNY

mardi 11 octobre 2011

La captive de l'hiver de Serge Brussolo

La captive de l'hiver est un roman de Serge Brussolo où on retrouve un personnage d'un autre de ses romans, Pélerins des ténèbres. Mais ce tome peut se lire de manière indépendante, les allusions à ce titre étant peu fréquentes et ne portant pas à conséquence pour la bonne lecture de cette histoire.L'héroïne, Marion, jeune imagière qui redonne vie aux visages des statues de saints éprouvées par de nombreux raids ennemis, est enlevée par des vikings et amenée jusqu'à leur campement. Officiellement elle est chargée de redonner forme à des statues de glace représentant les dieux vikings qui veillent sur le clan. Mais elle ne tarde pas à découvrir le but caché derrière cette mission et à comprendre combien sa position au sein du clan est fragile. J'ai beaucoup aimé le décor viking de ce livre : Marion jeune française du Moyen Age se retrouve propulsée dans un monde diamétralement opposé à ce qu'elle connait. Cette civilisation rendue par son regard est stigmatisée par les superstitions et les croyances qui règlent leur quotidien ainsi que par la dureté même de leurs vies où la faiblesse comme la vieillesse n'est pas admise. Les personnages comme le chef du clan Rök ou Knut sont intéressants mais pas assez développés à mon goût pour vraiment s'y attacher et par là même rentrer dans l'histoire. De même l'intrigue reste assez plate et si les tourments de Marion sont pour le moins émouvants on a du mal à comprendre où va l'histoire, où se situe même l'intrigue. La fin elle-même nous laisse un goût d'inachevé entre illusion, superstition et réalité. On peut assez facilement imaginer une suite à ce livre, la fin étant ouverte mais ca ne répondra en rien aux questions suscitées par la fin du roman. Une lecture en demi-teinte donc car si le décor planté était passionnant, l'intrigue et sa résolution l'était bien moins...

Elisabeth DOUDAN

dimanche 9 octobre 2011

Un os dans le cassoulet de Jérémy Piquomble


Ce matin de mars, le détective Raoul Lampin est appelé à la rescousse de Raymond Petit-Salé. Ce directeur d’une usine de fabrication de plats cuisinés a l’intime conviction qu’un espion s’est glissé parmi le personnel de son entreprise. Arrivé sur place, Lampin découvre des documents compromettants dissimulés dans le casier d’une employée,  Louise Crépine.  Affaire réglée ? Ce n’est pas si sûr ! La demoiselle parle de machination. Et  Freddy La Truffe, le chien de Lampin, est persuadé qu’il se cache une embrouille là dessous…
Le nom de l’auteur de ce livre pour enfants, Jérémy Picomble, est un pseudonyme sous lequel écrivent 2 personnes. Pour accrocher l’attention des petits lecteurs dès le début, leur histoire s’ouvre sur une situation insolite : Freddy La Truffe qui n’en peut plus de se gaver de cassoulet depuis 3 mois.  Le récit qui suit est raconté par le fox à poil dur lui-même, et est en fait un flash-back qui explique comment il en est arrivé là.  Le style fluide et le vocabulaire sont bien adaptés pour les 8 ans et plus.  Les chapitres sont courts et agrémentés de nombreuses illustrations très sympathiques en noir et blanc. Une pointe d’humour est présente tout au long de l’enquête.
Ce livre est fort sympathique, les enfants auront beaucoup de  plaisir à le découvrir. Il se lit relativement rapidement, sans lassitude en cours de route. Bien évidemment le bidouilleur est coincé à la fin, ouf la morale est sauve !


Sophie HERAULT

vendredi 7 octobre 2011

Nouvel an, nouvelle vie de Cesare Battisti


J'avais choisi ce livre uniquement sur la réputation de l'auteur et sur l'implication de Fred Vargas concernant son éventuel rapatriement en Italie à partir du Brésil. Je n'avais encore jamais rien lu de cet écrivain. Quand j'ai reçu cette petite plaquette d'à peine 90 pages, je me suis dis, fichtre, je ne vais pas en avoir pour ma creuse dent... Eh bien maintenant que j'ai passé quelques heures en compagnie de cet auteur assez spécial, il me faut dire que je ne demande qu'à réinvestir plein de temps pour lire autre chose de lui.
« Nouvel an, nouvelle vie » est un très court récit, certes, mais la densité de l'action et l'élégance de la langue sont au rendez-vous. D'autres auraient pu facilement « gonfler » cette histoire jusqu'aux habituelles 250-300 pages... mais en fait, pourquoi ? Tout est déjà là, l'action, le suspense, la petite folie du casse qui ne peut pas vraiment réussir... Il y a aussi le ton un peu désabusé du «héros» (sic) ambigu, son manque de perspectives d'avenir potentiel mais aussi une sorte de marginalité acceptée... faute de ne pouvoir faire autrement. C'est donc une excellente petite nouvelle qui vous capte dès les premières lignes et qui vous tient en laisse jusqu'au bout. Ne me reste plus qu'à en recommander chaudement la lecture.


Michel Maurice FORTIN

mercredi 5 octobre 2011

Chroniques martiennes de Ray Bradbury


Le récit nous emmène sur Mars, où le futur proche (2031- 2057) fait de cette planète le nouveau lieu d’exploration et de colonisation des hommes. Le lecteur assiste à différentes arrivées de l’être humain sur la planète rouge et découvre ainsi le paysage martien.
Bradbury s’attarde sur le quotidien nouveau des arrivants ainsi que sur le passé des martiens. Composé en chroniques, qu’on peut assimiler à des nouvelles, chaque histoire y va de son message à la fois humaniste et moral sans pour autant tomber dans la simple critique acerbe. C’est ainsi que l’on découvrira le Père Peregrine en mission prédicatrice ou encore, dans une touche plus émotionnelle, le rapport entre les membres d’une même famille ou d’un équipage. A noter que le point commun des récits est cet instant, que l’on
attend toujours à la lecture, de la rencontre avec l’autre, qu’il soit humain ou martien. Au final, Chroniques Martiennes est un subtil mélange de poésie et de constat sociétal, baigné dans des récits bouleversant perceptions et considérations sur l’autre, l’inconnu et le familier.
Tout d’abord, il faut dire que pour une œuvre dite de science-fiction, celle-ci n’est pas hermétique et reste ouverte à un lectorat large.
Le livre regroupe plusieurs chroniques qui se révèleront intrinsèquement liées et dans son histoire et dans le message global de l’auteur. L’œuvre est riche d’une structure agréable tout comme de descriptions du paysage. Aussi, l’écriture se penche sur le rapport physique et psychologique entre humain/martien. Au-delà d’une narration qui devient de plus en plus fluide, parallèlement au style de l’auteur, les réflexions sur l’espèce humaine se profilent au cours de la lecture. Ainsi, Bradbury nous offre un recul sur notre civilisation en la mettant dans une position nouvelle (future ?).
En effet, ce qui devient vite flagrant à la lecture est ce retournement de point de vue : l’être humain devient l’envahisseur et le peuple/territoire martien les victimes envahies. En cela, Bradbury brise le thème science-fictif de l’extra-terrestre. Ici, l’Homme est un extra-martien.Bradbury, en retournant nos habitudes, en inversant le schéma traditionnel, fait du martien l’être-citoyen et de l’humain l’être-envahisseur. Ce livre permet de s’interroger sur notre propre statut et le caractère universel de l’"humanité". Le point culminant de ces courtes chroniques est sans aucun doute les rencontres entre martiens et humains. Elles adviennent de manière progressive mais intense. La qualité littéraire de l’auteur n’est pas anodine à ce fait puisque Bradbury à l’art d’évoquer, de susciter chez son lecteur l’émotion à laquelle les personnages sont confrontés (et ceci malgré le contexte futuriste). Toutefois, si la vie sur Mars est le motif et le cadre principal du livre,il n’en reste pas moins que le fond concerne l’existence sur une Terre endommagée par les conflits atomiques.
Au final, l’espoir d’un ailleurs (Mars) et l’attachement aux racines (Terre)deviendra le filigrane de ce roman, dur et poétique à la fois. C’est ce qui m’a attaché à cette œuvre et je l’espère vous ne laissera pas indifférent.


David DOHEIN

lundi 3 octobre 2011

Banlieue sud-est de René Fallet


Bernard, Claude, Zezette, Roger et d’autres amis qui ont entre 17 et 20 ans vivent en 1944. Ils ont d’autres soucis que la résistance. Leur raison d’être c’est le jazz, le sexe et l’envie de se marrer sans discontinuer. Alors pour essayer de passer une jeunesse heureuse dans un cadre dramatique, ils ont recourt à un paquet de petites combines car le boulot n’est pas leur passe-temps favori.
Virée à la campagne, baignades, parties de billards mais bien qu’ils vivent des moments inoubliables de franches rigolades la grande histoire va les rattraper et certains seront obligés de rentrer dans le monde des grands. Vengeance, règlements de compte, STO…
Ce livre m’a plu car il montre une jeunesse qui veut vivre, prendre du plaisir et pas forcément s’engager en résistance. Ils ne sont ni collabos, ni résistants, ils sont insouciants avec une envie de brûler la bougie par les deux bouts.
On s’aperçoit que cette une génération, qui a hérité sans le demander d’un drame mondial, rompt totalement avec le travail, le sacrifice et l’autorité qui étaient les valeurs essentielles de leurs parents.
Par contre cette jeunesse s’en trouve de nouvelles telles que la
débrouillardise, l’entraide, l’amitié et surtout l’amour.
Les personnages, garçons, filles ou parents sont vraiment attachants et très authentiques. De plus l’auteur a parfaitement réussi à planter sa bande dans un
décor fait pour elle. Des cafés populaires, une gare animée, des appartements vétustes et étroits tout cela tellement bien décrit que l’on se demande si ce roman n’est pas autobiographique car ça sent le vécu.
J’ai bien aimé aussi le langage argotique de l’époque que je ne connaissais pas.
A chaque que fois que l’on avance dans le récit l’auteur nous montre très bien, et de manière progressive, les difficultés liées à la guerre. Au début ce sont les privations via les cartes d’alimentations, le STO, puis les bombardements que subit Villeneuve-Saint-Georges, la lâcheté et enfin s’engager pour un idéal.
Au fur et à mesure que les conditions de vie se dégradent, on constate que notre bande de jeunes perd de son innocence, de son insouciance et qu’elle ne peut plus être indifférente à la tourmente de cet été 1944.


Edouard RODRIGUEZ

samedi 1 octobre 2011

La mystérieuse affaire de Styles d'Agatha Christie


« La Mystérieuse Affaire de Styles » est le premier roman d’Agatha CHRISTIE dans lequel on voit apparaître son fameux et désormais célèbre détective : Hercule POIROT.
L’intrigue se déroule à Styles dans le comté d’Essex, en Angleterre. Le narrateur, Mr. HASTINGS est invité par un ancien ami à venir passer quelques jours dans la propriété de sa belle-mère à Styles Court.
Nous avons donc Mr. HASTINGS, invité par John CAVENDISH et son épouse Mary vivant dans la propriété de sa belle-mère Emily INGLETHORP tout juste remariée avec le mystérieux Alfred INGLETHORP. Interviennent également Miss Cynthia (jeune fille prise sous l’aile d’Emily), Mademoiselle HOWARD, le Docteur BAUERSTEIN, Laurence (le frère de John) et les domestiques Dorcas et Annie.
Mais un beau matin à l’aube, Emily INGLTHORP est prise de violentes attaques et décède. Tout de suite la thèse de l’empoisonnement est mise en avant et Hercule POIROT entre en scène pour démasquer le ou les coupable(s).
Alfred INGLETHORP, le mari de la décédée est immédiatement mis en cause par l’ensemble de la maisonnée. Trop mystérieux, trop intéressé par l’argent, trop avide, trop « hors norme », etc.
Mais si le coupable « idéal » n’était pas celui auquel tout le monde pense ?
C’est ma première lecture d’un roman d’Agatha CHRISTIE où apparaît Hercule POIROT et je ne suis pas déçue. Après une prise de connaissance avec l’ensemble des personnes et après avoir bien assimilé « qui est qui », le roman se lit d’un seul coup. Comme il se doit, on retrouve tous les éléments indispensables à un roman policier digne de ce nom : un meurtre, une multitude de personnages, des coupables, des innocents, des rebondissements, tout y est et on se prend au jeu en menant nous même l’enquête aux côtés de POIROT.
Je ne pense pas m’arrêter en si bon chemin, et ce premier roman me donne vraiment envie de découvrir d’autres histoires d’Agatha CHRISTIE. Mais comme j’aime bien faire les choses dans l’ordre, ma prochaine lecture sera le second roman où apparaît Hercule POIROT : « Le Crime du Golf ».




Emeline MICHAUT

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